Objectifs ciblés par la chaire

 

En matière de scolarisation, le Canada fait face à des défis importants (Canadian Policy Research Networks, 2006). Sur les 34 pays membres de l’OCDE, il se situe seulement au 16e rang pour ce qui est de diplômer des élèves dans les délais normaux (GAPRSQ, 2009). Ce constat est très préoccupant, tant pour les individus que pour la société. Il est désormais bien connu que le niveau d’éducation affecte le développement humain. Par exemple, une espérance de vie réduite, des problèmes de santé mentale ou physique, le chômage, la délinquance, voire l’incarcération sont bien plus fréquents chez les décrocheurs scolaires. Et au-delà des conséquences individuelles, c’est toute la société qui se trouve affectée: les coûts sociaux du décrochage sont très élevés, à près de 120 000 $ pour chaque élève qui abandonne ses études (GAPRSQ, 2009). En outre, pour assurer sa concurrence économique dans le contexte de mondialisation qui prévaut, le Canada doit pouvoir compter sur une main-d’œuvre bien scolarisée.

 

Pour pallier ce problème et mettre en place des programmes et des services éducatifs véritablement efficaces, le gouvernement du Canada doit compter sur une connaissance précise des facteurs familiaux, éducatifs et affiliatifs qui influencent la motivation et la réussite scolaires des élèves. C’est précisément l’objectif de cette chaire que d’étudier les facteurs psychosociaux motivant les élèves à poursuivre leurs études et à les réussir. Monsieur Guay ciblera les déterminants contextuels (parents, amis, enseignants) et personnels susceptibles de favoriser la motivation, la persévérance et la réussite scolaires. En fournissant aux gouvernements du Québec et du Canada et aux ministères concernés des connaissances et des outils efficaces pour favoriser la persévérance et la réussite scolaires, les activités de cette chaire de recherche contribueront de manière significative à l’amélioration du capital humain de notre société.

 

La motivation est un facteur important de réussite et de persévérance scolaires (Deci, Ryan, & Guay, 2013). Lorsque plusieurs élèves ont de la difficulté à mobiliser leurs énergies pour effectuer certaines activités scolaires, il devient pertinent de connaître des stratégies permettant de les motiver. Au plan pratique, la motivation présente l’avantage d’être malléable (Bandura, 1997), c’est-à-dire qu’elle peut augmenter ou décroître en fonction du contexte, des expériences ou des interprétations cognitives de l’élève. Toutefois, les opinions divergent sur la nature des paramètres qui influencent le niveau de motivation.

 

Par le passé, certains tenants de l’approche comportementale ont proposé qu’il serait souhaitable de récompenser l’élève pour le motiver (Eisenberger, Pierce, & Cameron, 1999). Cette approche est d’ailleurs encore très ancrée dans les écoles où plusieurs systèmes de récompenses, prisés par les enseignants (collants, argent scolaire), sont utilisés. Toutefois, d’autres approches seraient plus efficaces, notamment celles qui misent sur la tendance naturelle de l’élève à apprendre (Deci, Koestner, & Ryan, 1999). Autrement dit, l’apprenant n’aurait nullement besoin d’être récompensé pour intégrer savoirs et compétences. Dans cette perspective, de nombreux travaux de recherche ont montré que les élèves qui régularisent leurs comportements par plaisir et choix personnel réussissent mieux que leurs pairs qui adoptent des comportements dans le but d’obtenir une récompense (Guay et al., 2010). Les travaux de cette chaire de niveau 1 s’articuleront autour de cette seconde perspective. Plus précisément, le titulaire de cette chaire cherchera à identifier les facteurs psychosociaux qui permettent de soutenir chez l’élève cette motivation naturelle à apprendre.